SECRETS de POLICE
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◄ de Outlandos à Zenyatta : le vrai son de The Police ►
En relisant le livret du cd Strontium 90 (nb : premiers enregistrements historiques du trio Sting, Summers, Copeland accompagnés du bassiste Steve Howlett, paru en 1997), j’y ai vu indiqué que ces séances d’enregistrement dataient de Février 1977, c’est à dire au tout début de la formation de Police (Janvier de la même année). Comment les groupes Strontium 90 et Police ont-ils pu cohabiter ?
Ils ne l’ont pas fait, je ne pense pas que cette date soit exacte. Elle correspond plutôt à mon avis à la première rencontre de Sting & Howlett. En février 1977, je pense qu’ils ont du commencer à travailler tous les deux, Sting habitant déjà à Londres. Ma version c’est que je l’ai appelé à Newcastle pour lui dire que j’avais un groupe qui l’attendait et qu’il devait me rejoindre à Londres, ce qu’il a fait. Cela s’est passé fin 1976. Ce que j’ignorais alors c’est qu’il avait également une autre connexion à Londres, la représentante de ses droits d’éditions, Carol Wilson, dont le mari n’était autre que Mike Howlett. Il les a revu et a commencé à travailler parallèlement au groupe police sur ce projet. Lorsque est venu le temps de l’enregistrement, Sting a proposé mes services à Howlett qui avait déja un guitariste : Andy Summers. Nous nous sommes donc rencontrés vers février mais le projet Strontium 90 ne s’est concrétisé que plus tard. Quoiqu’il en soit, chacun se souvient des événements selon son propre prisme. Sting vous répondrait sans doute différemment.
Puisque nous parlons de police, je sais que Sting a refusé de jouer la basse sur la chanson d’Andy Summers ‘Behind My Camel’ qui l’a alors remplacé, ce titre ayant par la suite remporté le Grammy Award du meilleur instrumental. Y a t-il d’autres chansons que Sting n’a pas joué ?
Non, il me semble que ce soit la seule. D’ailleurs si je joue moi-même dessus c’est que personne ne pouvait faire la partie de batterie à ma place ! On n’a vraiment pas été cool avec Andy. Pour nous, il était absolument hors de question que ce titre figure dans l’album (nb : Zenyatta Mondatta – 1980). Mais Andy a insisté : “si ce titre ne figure pas dans l’album je quitte le groupe !”. Alors tous ceux qui s’étaient ligués contre ce morceau, musiciens, managers, producteurs, roadies ont fini par lacher du lest. Alors on l’a finalement mis dans le disque et ce titre nous a fait gagner un Grammy Award. Mes propres gosses me disent que c’est leur titre préféré de Police avec ’Friends’, une autre composition d’Andy Summers.
Quel enregistrements du groupe vous laissent aujourd’hui le meilleurs souvenir ?
Les deux premiers albums, après c’est devenu horrible. Pour ces deux-là on s’est vraiment éclaté. Le suivant, Zenyatta Mondatta, a été enregistré en Hollande et c’est à partir de ce moment que les choses ont commencé à devenir bizarre. Pour l’album suivant (cf : Ghost in The Machine – 1981), nous nous sommes retrouvés dans l’île de Montserrat, le cadre y était absolument magnifique, mais l’atmosphere dans le groupe abominable. Chacun de nous a alors cessé de faire des compromis. J’en ai voulu à Sting à cette époque mais je me rend compte aujourd’hui que j’étais aussi à blâmer, en tout cas c’est mon point de vue. Pour vous donner un exemple, dans les premiers temps de Police, Sting nous avait amené Roxanne qui était alors une bossa-nova. Nous l’avons complètement triturée et fait de cette chanson ce qu’elle est devenue sur l’album. La version de Police est comment sacrément réussie ! La clé de notre succès, c’était la communion de nos trois esprits au service de notre musique. Le temps a passé et nous avons tous développé notre propre home studio. Donc au lieu d’arriver simplement avec sa guitare acoustique, Sting arrivait avec une bande sur laquelle figurait la batterie, la basse et la guitare ! , “ voilà les gars, c’est la chanson, je veux que vous la jouez comme ça”. Et moi je répondais “attends un peu !”, ça devenait une bataille rangée. Sting avait de très bonnes idées, nous aurions pu les jouer telles quelles et cela aurait fait l’affaire mais cela aurait causé problème à mon ego. Je pense que j’ai eu raison de me battre pour imposer mes points de vue car c’est aussi ce qui a fait le groupe. Chacun de nous avait une vision bien ancrée ce qui fait qu’on se disputait souvent. Maintenant, je me met à la place de Sting, il écrit un super morceau, il en travaille toutes les parties de façon méticuleuse à la maison, il vous l’amène et il faut encore qu’il se dispute : “écoutes tu ne peux pas jouer simplement ce que je j’apporte ? Pourquoi faut-il que je me batte sur chaque chanson ?”. Et moi je lui répondais, “regarde, j’ai des idées pour ton morceau, pourquoi tu ne les écoute pas ? Pourquoi ne pouvons nous plus collaborer ?” Et nous nous battions sans arrêt, nos disputes n’avaient plus rien à voir avec la musique, c’était à qui aurait le dernier mot. Ca n’avait plus ni queue ni tête, ça devenait contre-productif. C’est pour cela que les deux derniers albums ont été des expériences désagréables.
Les aficionados du groupe pensent comme vous que le vrai son de Police s’écoute dans les deux premiers albums avec encore quelques bribes dans le troisième.
Oui, le troisième est une transition. Le problème avec ce disque c’est que nous étions en pénurie de chansons et que ce qui nous restait n’était pas assez percutant. Il contient bien une des meilleures chansons composée par Sting, ‘Don’t Stand So Close To Me’, mais une grande partie du disque n’est que du remplissage.
Pour le précedent (Reggatta De Blanc – 1979), les gens le savent peu mais vous avez composé près de la moitié des chansons.
Non, je ne crois pas.
Mais si, vous avez écrit la musique de ‘It’s Alright For You’...
Oui, sur celle-ci je joue de tous les instruments, a part le solo de guitare que j’ai laissé à Andy. Même topo pour ‘On Any Other Day’.
Oui, vous avez composé celle là aussi ainsi que ‘Contact’ et ‘Does Everyone Stare’. Vous avez aussi co-écrit ‘Deathwish’ avec le reste du groupe.
Oh (étonné) ! J’avais oublié cela, mais vous avez raison.
Et ce n’est donc pas une coïncidence si les fidèles et les sondages divers préfèrent cet album là !
Ce sont les hits matraqués par la radio qui ont hissé l’album.
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