SECRETS de POLICE

 

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Bonnet vissé sur la tête, Sting, après des salutations sans chaleur à ses deux co-équipiers, entama la ligne de basse de ‘When The World Is Running down…’. Puis ce fut ‘Roxanne’, et ‘Message in a Bottle’. Le staff de l’hôtel, afféré à dresser les nappes du futur banquet, s’immobilisa, hypnotisé par la force magnétique de l’instant. Malgré la mauvaise volonté de Sting, tous les privilégiés présents purent constater que « Every little thing they do is still magic » (tout ce qu’ils font est encore magique. Si vous êtes largués révisez vos classiques). Le chanteur, apparemment agacé de devoir partager l’affiche, se tenait en effet à distance respectable, snobant ses compagnons et ne les regardant que pour leur intimer l’ordre de conclure tel morceau. A un moment donné, tout en jouant, il fit un signe à son technicien attitré qui s’approcha donc pour recevoir des instructions. Qu’elle ne fut pas ma surprise de voir ensuite ce dernier se diriger vers l’ampli guitare d’Andy Summers pour en baisser le niveau. Ahuri, le génial guitariste ne se laissa pas démonter et se dirigea derechef vers l’ampli-basse de Sting pour lui infliger la même punition. Mouché, Gordon Sumner lança alors un ricanement nerveux. Cela nous promettait des beaux jours !

Refusant de s’adonner à ces vilains jeux de mains, Stewart Copeland se servit des siennes pour s’en donner à cœur joie et ses baguettes (magiques elles aussi) enflammèrent une époustouflante version de ‘Every Breath You Take’, échappant complètement au contrôle d’un Sting de plus en plus remonté. Ce fut le seul vrai moment de frisson de ces fausses retrouvailles (j’en ai encore la chair de poule). Derrière la fraternité affichée à l’antenne, dans la seule intention de pouvoir être intronisé au panthéon du rock (Sting collectionne les récompenses), je pu voir ce que les caméras ne montrèrent pas… une triste réalité : Sting, ex-rocker devenu jet-setter, veste des grands soirs et canne à pommeau à la main, n’avait pas tenu à passer la soirée à la même table que Stewart & Andy. Ceux-ci, avant leur montée sur scène, ont donc assisté au déroulement de la soirée ensemble, avec leur famille, à l’opposé de l’immense parterre, mué en salle de réception. Ils n’eurent d’ailleurs pas les honneurs de la salle de presse, où plus de 200 journalistes les y attendaient, car Sting refusa de s’y présenter ! On ne mélange pas les torchons et les serviettes ! Quoiqu’il en soit, Andy s’était déjà vengé en foirant volontairement sa partie de guitare sur ‘Every Breath You Take’ et même si Sting tenta de n’en laisser rien paraître, il fulminait intérieurement, se maudissant sans doute de s’être laissé embarquer dans cette galère. Affaire classée.

Cependant, ce 10 mars 2003 fut pour moi une journée plus qu’instructive et j’en profitai pour interroger Andy, puis Stewart, que j’avais déjà rencontré plusieurs fois (mais ça c’est une autre histoire). L’occasion était trop belle pour effectuer un flash-back sur les moments clés de l’histoire du groupe avec pour guide son fondateur lui-même : mister Copeland himself.

Injustement minimisé par les médias, son rôle majeur dans la réussite du groupe est également occulté par Sting qui s’en attribue aujourd’hui tout le mérite (une compilation en vente libre regroupe ses tubes en solo et ceux réalisés avec Police). Fils d’un des fondateurs de la CIA et d’une archéologue, petit fils d’une chanteuse d’Opéra, Stewart, la cinquantaine tonique, me rétablit quelques vérités, avec son franc-parler et sa verve légendaire. Résultat : une entrevue essentielle et rare, qui apporte un éclairage inédit sur de nombreux temps forts et donne un coup de balai à quelques mythes solidement ancrés dans la mémoire collective.

 

Vous avez demandé la Police ? Ne quittez pas !

 

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