BERNARD LAVILLIERS par Gert-Peter BRUCH :

 INTERVIEW EXCLUSIVE

 

 

Interview Réalisée le 18-03-2002

au théâtre " Les Gémeaux " de Sceaux

2ème PARTIE : TROISIEMES COUTEAUX

Après une entrée en matière menée tambour-battant, le public est d’ores et déjà dans le vif du sujet. Les cendres des barbares fument encore dans le théâtre, alors pas de répit. Embarquement immédiat, destination les patios du Vatican et les coffres-forts de Lausanne, visite organisée pour mafiosi affiliés ; nom de code : ‘Troisièmes Couteaux’. Finis les samplers et autres programmations de computers utilisés lors de la tournée ‘Champs du possible’ de 1995-1996 ; la nouvelle version est le fruit organique d’un groupe sur-vitaminé, que les lumières de Jean-Pierre Cosyns dévoilent enfin. De vives couleurs réchauffent la scène, découvrant une plate-forme spacieuse et sobre où les équipements, pourtant nombreux, sont agencés de façon à laisser au maître de cérémonie une grande liberté de mouvement.

Les sept mercenaires de Lavilliers se déploient sur 3 rangées, selon une stratégie qui ne laisse rien au hasard. Respectivement à sa droite et à sa gauche, soutenant la ligne de front, la garde rapprochée : Marco Papazian aux guitares et Pascal Arroyo à la basse, deux piliers de l’œuvre du stéphanois. En milieu de terrain, Xavier Tribollet aux claviers (surélevé par rapport au devant) et Sydney Thiam aux percussions. Enfin, alignés sur la plate-forme qui domine l’édifice, veillant sur la forteresse, Pierre Mimran (cuivres), Laurent Faucheux (batterie) et Georges Baux (claviers) dont Bernard aime tant à rappeler qu’il est de Toulouse ! Equipe musclée pour poète aux larges épaules…

Ce passage en revue achevé, l’attention du spectateur est désormais captée par Bernard lui-même, qui souligne la dérision du texte par des mouvements et mimiques explicites, évoluant de façon saccadée aux quatre points cardinaux. La transition avec le titre précédant s’effectue de façon naturelle ; les accords et la rythmique de la guitare de ‘Troisièmes Couteaux’ rappellent en effet ceux de la première version du titre ‘Les Barbares’ de 1976. Dès le second couplet, Pascal inflige un groove terrifiant qui densifie l’atmosphère tandis que les congas de Sydney envoient des rafales de machines-guns, répondant aux tirs soutenus de Laurent qui depuis son bunker donne à son instrument des faux-airs de char d’assaut.

Sous les reflets bleus-mauves en harmonie avec les teintes de vert et de rouge, la scène devient studio de cinéma, façon technicolor années 40. Elle est d’ailleurs surplombée par les bobines géantes d’un projecteur imaginaire tournant de consort, projetées depuis le fond de la salle sur un écran passé jusqu’ici inaperçu. Pour la seconde fois, Pierre lâchant son tambourin rejoint Bernard sur l’avant-scène pour porter l’estocade de son sax-ténor parfaitement aiguisé, dans une ferveur quasi-religieuse, oscillant lui aussi " entre Mad Max et l’Abbé Pierre ". Un dernier tour d’honneur devant ces messieurs-dames au souffle retenu, vissés sur leur refuge molletonné, quand Bernard semblable à un volcan en éveil les cherchant du regard leur lance : " Pas de nom et pas de photo, leurs sociétés sont étrangères. Plus étonnant est le réseau qui les réunit entre frères. " Ainsi s’achève, dans le magma de ses mots, le règne étincelant des troisièmes couteaux ! A suivre…

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        - 'Troisièmes Couteaux' à l'olympia 1995 -

GERT : Succédant au titre ‘Les Barbares’, la seconde chanson du spectacle est ‘Troisièmes Couteaux’…

 

B. LAVILLIERS : Après les barbares, je voulais enchaîner avec ‘Troisièmes Couteau’, mais jouée live, plus avec des machines (c’est chiant), en soulignant l’humour que la chanson contient. C’est une approche complètement différente, dieu sait ! C’est pas du tout écrit pareil. ‘les Barbares’ a un côté hyper-réaliste. Au départ, lorsque je jouais ‘Troisième Couteau’, c’était glabre… Comme genre d’humour fallait déjà s’accrocher pour se rendre compte que c’est du troisième, voir quatrième degré ! Alors que de la façon dont je le fait maintenant, l’humour passe instantanément. Il faut avouer aussi que depuis que j’ai écrit ça, il y eu des milliards d’affaires avec justement des sociétés fiduciaires, des hommes politiques mouillés jusqu’au-dessus des cheveux, des mecs qui disparaissent à St Domingue… enfin la totale quoi ! Donc lorsque je la leur chante, les gens pensent que j’ai écrit ‘Troisièmes Couteau’ hier alors que ça date tout de même de 1993. J’ai toujours de l’avance, surtout lorsqu’il s’agit de décrire ce genre d’univers. Pour ce texte j’ai pris de vrais éléments comme la loge P2 dans l’Italie de 1981 avec les brigades rouges, la banque Ambrosiano etc…

 

Comment collectes-tu ces informations ? Tu te documentes, tu vas sur place… ?

 

B. LAVILLIERS : Je ne me documente pas. C’était assez facile… Moi l’histoire de la banque du Vatican, ça m’a excité comme une bête ! Normal… Y avait en plus un des conseillers du Pape qui était impliqué, y avait la mafia, y avait tout le monde ; c’était parfait pour moi. Donc je me suis rencardé, puis on m’en a parlé et il s’est passé tout un tas de truc… un vrai polar quoi ! Le mec qui se pend sous un pont à londres. Y a tout le matos dans cette histoire.

 

As-tu aimé par ailleurs la façon dont Coppola a restitué cette histoire dans le dernier volet de sa trilogie, le Parrain 3 (1990) ?

 

B. LAVILLIERS  : C’est pas mal fait, je pense que l’affaire est pas loin… avec ‘Immobiliare’. Il faut pas oublier que le Vatican est l’un des plus grands propriétaires immobiliers de la planète parce que toutes les veilles qui clamsent donnent tout à l’église en général, pour éviter d’aller en enfer ! Si celui-ci existe, je pense que ça sert à rien, en tout cas les curés et les bonnes sœurs sont là pour les débarrasser de ces boulets terrestres, ces milliards de dollars qui ne leur servent plus à rien lorsqu’elles sont mortes. Tout cela est donc récupéré par l’église donc effectivement, en ce qui concerne l’immobilier, ça va pas mal pour eux !

 

- 'Troisièmes Couteaux' version 2002 -

 

‘Troisièmes Couteaux’ date de 1994 (NB : Album ‘Champs Du Possible’) et à l’époque je l’avais perçu comme un désir de ta part de revenir à une écriture percutante, style ‘Pouvoirs’ (1979) ou ‘Les Barbares’…

 

B. LAVILLIERS : C’est pas exactement ça. Je suis parti de la première phrase, " ils ne font rien ils se situent "… Maintenant c’est de nouveaux à la mode les gestionnaires… y a qu’à voir avec Messier et compagnie, on n'en peux plus ! A une époque aussi dans les années quatre-vingt, quatre-vingt-dix il y avait Bernard tapie et c’était pareil : " il était grand, il était beau, mon légionnaire ", sauf que là je chantais à la place " mon gestionnaire " dans ma loge, pour rigoler. Ca fini par donner " il était grand, il était beau, il sentait bon son Lugano, mon gestionnaire " (en chantant). Ben oui parce que les héros nouveaux, ce sont les gestionnaires encore une fois. C’est pas les artistes, c’est plus les acteurs de cinéma, c’est plus les grands guerriers… et puis les gestionnaires ils se la donnent à fond la caisse. Ils ont beau critiquer Tapie, qui n’a sûrement pas été moins bon qu’eux (on attend de voir combien vont durer ceux-là), mais ils n’en peuvent plus de passer dans ‘Paris Match’, de donner leur avis sur tout, d’avoir des amis call-girl ou chanteuses… Ils sont à tous les repas du show-bizz, quoi ! Enfin de compte ils se vont avoir parce que nous on sait manipuler ce métier, notre image on la connaît, eux ils savent pas… Donc ils ont l’air d’être des gros cons là, on dirait des artistes de variété ratés, faut le faire ! Déjà artiste de variété c’est pas mal mais en plus s’il est raté, ça faut beaucoup pour un seul homme. Voilà l’effet qu’ils me font.

 

Au niveau de la construction musicale du morceau tu as travaillé les arrangements avec Georges Baux (Clavier arrangeur-compositeur qui accompagne Bernard depuis 1991), les idées sont venues facilement ?

 

B. LAVILLIERS : On est parti là-dessus… (il me joue les accords à la guitare sèche), on a samplé et on a commencé à bâtir. Mais c’est plus proche de la house que d’autre chose cette musique. On a construit cela comme un court-métrage, ça semblait évident rien qu’avec la première phrase : " ils ne font rien ils se situent, ils sont consultants ambigus des hydres multinationales ". Si tu veux, à chaque fois que tu bouffes avec une maison de disques, des hommes d’affaires ou un homme politique, y a toujours ces mecs ! Ils sont là les troisièmes couteaux. C’est ceux qui sont dans la communication, qu’on ne voit jamais, qui cirent les pompes à Jospin qui ne se sent plus… On sent bien qu’il déteste les ouvriers, qu’il n’aime que les enseignants et les cadres, ceux qui gagnent plus de 30.000 F par mois (NDLR : autour de 4500 euros), et que les autres c’est vraiment des nazes. Il a du mal à s’empêcher de dire " puisque que vous gagnez que 4000 (francs), c’est que vous êtes très cons ". Ils sont poussés à la connerie par " les quais d’Orsay ". Un certain temps ça les arrange et après ça les amuse. C’est leur métier. On ne sait pas ce que va devenir le parti communiste avec Begbeder, mais lui c’est typiquement troisième couteau. En plus il se fait de la pub et se prend pour un écrivain ! Là on a la totale…

Quand je dis " plus étonnant est le réseau qui les relient à leurs affaires ", c’est vrai que c’est étonnant, mais il n’y a qu’eux qui savent. Ceux qui les emploient ne connaissent pas franchement leur parcours.

 

C’est vraiment une phrase qui convient tout à fait à ce qu’il se passe actuellement, sur scène tu dédies cette chanson à Schuller…

 

C’est pour rire…

 

Mais cette chanson ne fait de cadeaux à personne, ni droite, ni gauche !

 

B. LAVILLIERS : Non, on peut le dire. Mais de toutes façon Schuller par exemple, a du traiter avec beaucoup de gens ; il y a un peu de tout là-dedans. Là c’est quand même un certain niveau… ça m’étonnerait qu’il raconte sa vie Schuller (NB : en effet, " je reviens " l’autobiographie sur fond de mœurs politiques de Didier Schuller, paru le 03 Avril 2002, c'est-à-dire après la réalisation de cette interview, a laissé sur sa faim les lecteurs en quête de révélations fracassantes). Ils auront beau essayer, ce sont les morts comme Méry qui vont tout prendre sur le dos. Je vois pas trop Pasqua porter le chapeau, ça m’étonnerait. Il va encore répondre qu’il n’a " rien avoir avec cette petite broutille, ce sont des anecdotes " (prenant sa voix).

 

Est-ce que ‘Troisièmes Couteaux’ est également une chanson qui permet de prendre de la distance vis-à-vis de la politique ou de faire une mise en point ? En même temps tu appelles à voter Arlette Laguiller en ce moment…

B. LAVILLIERS : C'est-à-dire… ça démolit beaucoup de choses quand je dis " … ils vont toujours où il fait beau ". Tiens voilà, c’est typiquement l’annonce de Jospin : " il fait beau sur les droits de l’homme… le plein-emploi, l’immigration ". Il fait beau partout ! Il promet le plein-emploi, l’intégration –des jeunes en difficulté par exemple-, je pourrais rajouter la sécurité peut-être… remarque avec " il fait très beau sur la misère et dans les œuvres humanitaires ". Ceux qui sont au pouvoir disent tous la même chose. Parlons des présidentielles, je me demande pourquoi il y a deux tours honnêtement, je ne vois pas l’intérêt. On se demande ce que foutent là les autres " clients " parce que les deux seuls qui peuvent faire un petit carton, ils ont l’intention de ne donner aucune consigne de vote, donc ce sera " démerde-toi " ! C’est assez curieux d’ailleurs cette fois-ci… On le sent bien, le mec il devient Premier ministre, il supprime le glabre en disant " on fait trop de frais, roulez donc en R5, finis les Safrane et les avions privés " et là ils sont en train de se faire un Airbus avec cuisine, salon… masseuse et de la place pour une cinquantaine de journalistes. Comme ça il pourra dire pas mal de conneries alors que le prochain Président aura son Airbus privé. C’est de la démagogie et derrière la naïveté il peut se cacher beaucoup de choses. J’adore quand Jospin dit qu’il est naïf, ça me plait ! Mais enfin là il peut plus l’être là, terminé.

" Ils vont toujours où il fait beau " ça veut aussi dire qu’il se défilent. C’est sûr que si on leur demande ce qu’on peut bien faire avec 4.000 balles par mois, ils vont avoir du mal à répondre. C’est indécent comme question.

Le texte a été écrit à une époque où les gens était encore peut-être un peu dupes par rapport à la politique, ils ne le sont plus maintenant. Il avait un peu d’avance à ce sujet, je pense.

B. LAVILLIERS : Oui et puis je prenais un exemple particulier pour arriver sur ces troisièmes couteaux qui au bout du compte ne sont responsables de rien, parce qu’ils ne se font jamais prendre. Je le dis bien " ils ne font rien ils se situent ", simplement. Ce sont des consultants, ils sont sur la photo quand ça marche très fort et quand tout va mal ils ne sont plus là. C’est ce que j’explique. Entre eux il y a des guerres internes mais ils sont capables de sacrifier je ne sais combien de milliers de gens à leur propres intérêts. Le second couteau c’est celui qui assassine et le troisième celui qui reste dans l’ombre et dirige ces fameuses guerres. Dans une famille mafieuse il est un personnage important. On ne nous les montre pas et ils se mettent rarement en valeur parce que leur employeurs ont sans doutes peur de s’afficher avec des gens sans scrupules, même ceux qui défendent une idéologie avancée. Je me demande ce que Robert Hue peut dire à Begbeder, moi. Alors maintenant l’autre se vante parce que ça fait très chic d’être communiste…

‘Troisièmes Couteaux’ est devenu l’un de tes titres les plus connus de ton répertoire alors que c’est un morceau plutôt décalé…

B. LAVILLIERS : Je me suis bagarré énormément pour que les programmateurs passent cette chanson en radio, parce qu’ils n’étaient pas très chauds. Ce n’est pas devenu un tube mais enfin, elle a été diffusée. Personne n’arrivait à savoir quel genre de clip il fallait faire, alors j’ai écris le scénar et j’ai tourné le clip avec Bruno Lejean. Je lui ai donné le scénario en lui disant " il faut trouver un angle parodique où on puisse se payer un peu la tronche du Parrain ". J’ai participé à la mise en scène et au casting parce que je ne voulais pas des tronches trop typées, comme dans les films de gangsters. Les bandits ont des tronches de gens ordinaires, faut pas croire qu’ils ont forcément des têtes pas possibles ! J’ai donc pris Freddo (agent artistique), Marco Papazian (guitariste) et mon roadie de l’époque, je les ai habillé en noir et il font très maffieux. J’ai voulu en même temps une ambiance années cinquante, lorsque par exemple Mahut (percussioniste) se promène dans ce qui apparaît être un couvent et qui s’avère être en fait un orphelinat avec d’immense couloirs, dans lequel nous avons tourné au dessus de Paris. Moi je fais plutôt le détective, genre Callahan (NB : de son prénom Harry, joué par Clint eastwood) qui a découvert un truc énorme et se fait poursuivre par ces mecs en noir. En cherchant un truc anodin il a découvert un gros morceau. Y a aussi la secrétaire qui se fait les ongles… oui, j’ai tout mis là-dedans. J’ai adoré faire cela à cause de cette dérision énorme et j’aimerais beaucoup faire un polar qui tienne la route à condition qu’il soit au moins au quatrième degré. Lee américains ont quand même déjà fait ce genre de films, ‘L’Honneur Des Prizzis’ (NB : de John huston – 1985) par exemple, qui pour moi est typiquement un faux ‘Parrain’. Avec Anjelica Huston et Nicholson qui campent deux tueurs assez débiles mentaux et ce vieil enfoiré de parrain qui ne tient plus debout. Ils ont été assez loin dans le genre dérisoire. Mais parfois quand tu creuses un peu, même la dérision n’est pas loin de la vérité. C’est assez hallucinant.

 

Pour conclure cette première interview qui donne un éclairage sur deux chansons essentielles de ton œuvre, j’aurais justement voulu savoir ce que tu as voulu exprimer avec les jeux de lumière utilisés pour ‘Troisièmes Couteaux’, sur cette tournée ?

 

B. LAVILLIERS : Sur scène on éclaire beaucoup par transparence à partir de l’arrière pour donner à la chanson de la profondeur et une sorte de mystère. Je pense que les climats et la lumière ont pas mal évolués depuis l’Olympia, Jean-pierre (Cosyns) a vraiment trouvé un éclairage original, très spectaculaire. On n'est plus dans l’intimisme, comme cela a pu être le cas pour certains spectacles. Maintenant les lumières sont orchestrées avec une grande précision et je vois bien que les gens qui voient 3 ou 4 concerts par semaine, ainsi que les journalistes les trouvent très étonnantes… et c’est vrai que ça m’aide. L’éclairage venant de l’arrière ou des latéraux donnent une autre dimension à la scène. J’ai très peu d’éclairage de face finalement. Ainsi j’amène les gens à se rapprocher de moi, à rentrer dans mon film parce que ça peut être aussi très cinémascope l’éclairage. Ca devient de la 3D. Parfois, si je suis un peu devant, Jean-Pierre peut mettre les gens très loin ; ce sont des astuces d’éclairagiste. Il m’éclaire vraiment et l’intérêt de ses lumières c’est qu’il éclaire derrière les mots. Il n’est pas démonstratif, il ne colle pas forcément à l’action mais il colle au climat. De temps en temps on est plus ou moins dans le réel et d’autres fois les gens peuvent lire, grâce à ses lumières, ce que je ne dis pas parce que je laisse beaucoup de phrases en suspens. Il faut comprendre ce qu’il y a derrière les mots aussi.

 

 

 

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